LA COMMISSION PEDAGOGIQUE DU 27 FEVRIER 2008 ‐ CONSACREE AU DECRET RELATIF AU STAGE EN M2 PRO
Par Philippe Givre
La réunion de la CP de mercredi a donné lieu à un débat de fond animé et d’une grande qualité sur l’application du Décret relatif à l’implication du référent de stage. Il n’est évidemment pas possible de redonner la teneur des discussions. Aussi nous contenterons nous d’en rapporter les aspects principaux. Concernant la question centrale de la différenciation ou de l’assimilation mémoire clinique/rapport de stage, une majorité assez large c’est progressivement dégagée au cours des échanges pour considérer qu’il était préférable que le mémoire de Master pro reste tel qu’il est aujourd’hui. Il consiste en une élaboration clinico‐théorique qui témoigne de l’aptitude de l’étudiant à devenir psychologue clinicien, orienté par la psychopathologie et la psychanalyse.
L’éventualité d’ajouter un rapport de stage au mémoire a d’abord rencontré une objection pratique : elle constitue pour les étudiants une charge de travail supplémentaire, difficile à supporter dans les limites, déjà étroites, du temps imparti actuellement. La rédaction d’un rapport de stage ne pourrait donc qu’être nuisible à la qualité de l’écriture du mémoire clinique.
Sur un autre plan, il est apparu que cet ajout pourrait laisser croire à la possibilité d’un clivage entre clinique et élaboration théorique, alors que la clinique n’a de sens et ne prend sens qu’à partir du moment où elle suscite une élaboration. De plus personne n’était véritablement en mesure de spécifier ce que pourrait être le contenu d’un rapport de stage, qui ne renierait pas la spécificité de l’approche clinique de notre UFR. Dès lors cette perspective de dédoublement devenait elle‐même caduque. Il apparaissait de plus indécent de faire déplacer des psychologues référents pour une soutenance autour d’un rapport de stage qui serait vidé de toute substance théorico‐clinique.
Il n’est évidemment pas question de passer sous silence, un certain nombre de réserves qui ont pu être exprimées. Subsiste notamment des inquiétudes sérieuses quant à l’indépendance et à la liberté d’élaboration dont disposera l’étudiant pour l’écriture de son mémoire. Faut‐il craindre qu’une forme « d’autocensure » ou « d’interdit de penser » soit induite par la nécessité d’en référer à l’institution accueillante via le responsable de stage ? L’étudiant ne sera‐t‐il pas alors dans une situation où il cherchera davantage à répondre aux attentes inhérentes à la logique institutionnelle plutôt que de s’autoriser une réflexion clinique personnelle et singulière ? Par ailleurs, on peut se demander jusqu’à quel point pourra peser sur l’étudiant le poids de la tension entre les orientations prônées par l’UFR et les impératifs propres au champ médico‐social.
Pour que les modalités d’application du décret n’occasionnent pas tous ces inconvénients et désavantages, cela suppose qu’elles s’inscrivent dans une politique de la professionnalisation dont l’exigence qualitative soit nettement rehaussée. Des efforts significatifs doivent donc être déployés dès à présent pour que se développent des relations partenariales avec des institutions reconnues et recommandables et qui se reconnaissent elles‐mêmes dans les grandes orientations de notre formation. Parvenir à cette concordance entre lieux de stage et formation universitaire apparaît être une condition sine qua non pour éviter un glissement qui finirait par dénaturer le travail d’écriture du mémoire clinique.
A partir de l’ensemble de ces réflexions, un consensus s’est dégagé pour faire de l’année prochaine une année expérimentale, basée sur le protocole suivant, proposé par la
direction de l’UFR :
- Le référent de stage (un psychologue ou par dérogation un autre professionnel) est invité par le directeur du séminaire ;
- Si l’étudiant fait état de difficultés importantes avec le référent de stage, le directeur du séminaire peut surseoir à cette invitation, en accord avec le directeur du service de professionnalisation de l’UFR ;
- Le référent de stage signe l’attestation, ainsi que le décret l’a formalisée (qui figurera désormais sur le carnet de stage), avant la soutenance ;
- La soutenance et la délibération se font en présence du référent de stage ;
- La note est proposée, comme c’est actuellement le cas, au jury de diplôme qui reste souverain ;
- Les deux enseignants signent également l’attestation, ce qui indique bien qu’ils ont le dernier mot.
Un bilan de cette expérience sera fait à la fin de l’année prochaine. Ce dispositif sera discuté à nouveau et voté au prochain Conseil de l’UFR.