xoxo Princesse
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| Sujet: Campagne sur la dépression et guerre entre courants psy. Lun 07 Jan 2008, 6:34 pm | |
| source: www.rue89.com - Citation :
- "Guerre des psys": l'analyse des internautes de Rue89
Par Zineb Dryef (Rue89) 21H48 06/01/2008
La campagne de lutte contre la dépression récemment lancée par le gouvernement a fait grincer des dents les psychanalystes. La polémique entre ces derniers (freudiens, lacaniens) et les comportementalistes a suscité des réactions passionnées et passionnantes chez les internautes de Rue89. Revue de ces témoignages, réactions et conseils de lecture.
"La dépression, moi aussi, j’ai connu"
Beaucoup d'entre vous témoignent de leur parcours personnel et expliquent pourquoi psys ou médicaments ont été bénéfiques ou au contraire inutiles: "Décidemment, nous n'arrivons pas à sortir du dualisme corps/esprit!" Agacé par la querelle de chapelle entre médicaments et psychanalyse, Guen raconte sa dépression et sa guérison:
"Pour ma part, j'ai bénéficié des trois: médicaments, psychanalyse, et thérapie cognitive. (...) Les médicaments m'ont permis de remonter la pente et de me mettre en position de commencer une réflexion sur soi. La psychanalyse m'a permis d'analyser un peu profondément un certain nombre de questions que je trimballais. Ça m'a permis de comprendre. Mais cela ne m'a pas guéri... Ce n'est pas parce que vous 'savez' (dans une certaine mesure, on peut toujours aller plus loin, c'est sans fin), que vous parvenez à changer un certain nombre de comportements."
FOledire, internaute nantais, témoigne également de ses dix années de dépression et de thérapies. Liée au décès de sa mère, sa dépression s'est accompagnée de comportements à risque et de tentatives de suicide. Il s'en est sorti grâce au Prozac et à la thérapie:
"Chez moi, le traitement a été bien suivi par le praticien, une fois enclenché le processus de guérison, il n' a eu de cesse de contrôler tout cela au plus près. Je n'ai pas eu de phénomène de manque, jamais, et à ce moment-là, j'avais arrêté anxiolytiques et autres neuroleptiques."
A l'inverse, les médicaments n'ont rien réglé pour Axe_du_mâle, étudiante, qui a vu quatre psychiatres pour rien:
"Il semble très important de ne pas s'arrêter à la prescription de médicaments qui ne règle rien. Je ne suis vraiment pas certaine que cette campagne règle le problème de savoir comment s'orienter: les généralistes ne sont pas en mesure de dépister les dépressions!!! (le mien n'a rien vu)."
Pourquoi la dépression?
Islande, psy en vadrouille, s'inquiète des origines de la dépression:
"Tandis que le médical et le psy tentent tant bien que mal de colmater des brèches; notre société continue à générer de plus en plus de maux dont la dépression est l’une des résultantes les plus marquantes. Les discours médicaux et psy viennent prendre une place de plus en plus importante pour expliquer, analyser… Or, ce sont deux discours axés sur l’individu principalement. Les explications données sont la plupart du temps liées à l’individu, au sujet, à la personne, à sa constitution. Mais et les causes sociales? Et les questionnements sur ce qui dans nos sociétés génère ces dépressions?"
Une analyse partagée par Breakfast, qui s'interroge:
"Une societé qui presse de plus en plus les citoyens pauvres à bosser dur comme des esclaves,à payer les nombreuses factures comme des vaches à lait. (...) Qui est (sont) le(s) fautif(s) dans tout ça? Nous sommes tous responsables. Les politiques,les citoyens ordinaires, les médias, les nouvelles technologies, les gros patrons, les grosses entreprises à production..."
D'autres, comme Le concombre masqué, pensent que les origines de la dépression sont physiques, liées à une déficience physiologique du cerveau:
"Grâce à l'IRM et aux recherches d'Antonio Damasio, on sait que nos émotions dépendent de certaines aires du cerveau; cortex, amygdale, lobe temporal... Je ne pense pas qu'il suffise de chercher dans notre prime enfance d'éventuels méandres d'ordre sexuel pour guérir des pathologies décrites ci-dessus. Si l'on est myope, on le reste toute sa vie. (...) Il faut avoir vécu une dépression pour apprécier sa guérison et qu'importe s'il faut réguler chimiquement ad vitam tels les déficients thyroidiens."
Angelica s'agace d'une réaction de Taiseux affirmant que la dépression trouvait ses origines dans la génétique:
"Il s'agit là d'une théorie (contestée) tirée d'une méthode statistique d'investigation: il existe x personnes dépressives ayant un parent dépressif dans leur famille, donc cela pourrait être génétique. Mais personne n'a mis le doigt sur le gêne de la dépression!"
Le procès de la psychanalyse
Pong, rationaliste fondamentaliste à Paris, veut en finir avec la question de la psychanalyse: "Il se trouve que cette dure réalité, les psychanalystes eux-même ont été obligé de la reconnaître." Pong fait référence à un rapport de l'Association internationale de psychanalyse datant de 2002:
"Il n'y a pas d'étude qui permette de conclure sans équivoque que la psychanalyse soit efficace, par rapport à un placebo actif ou une autre forme de traitement. Il n'y a pas de méthode disponible qui pourrait de manière incontestable indiquer l'existence d'un processus psychanalytique."
Et Pong d'en conclure que la psychanalyse est une croyance:
"Comme toute croyance, chacun est libre de la faire sienne. Mais il ne revient pas à l'Etat de les cautionner, et encore moins de les financer. Pas plus celle-là qu'une autre."
Gossipor va plus loin et recommande la lecture du "Livre noir de la psychanalyse" "à toute personne sensée qui serait tentée d'approcher un gourou freudien ou de cette espèce dans l'espoir de mieux se connaître ou de se mieux porter."
Sdr répond à Pong et lui reproche d'aller un peu vite:
"Poser cette simple question 'soigne' ou 'soigne pas' c'est présupposer qu'il s'agit d'une maladie, pathologie, dont les symptômes, les composantes, sont clairement identifiés et classifiés. Cela ne me parait pas si évident pour la dépression, qui est protéiforme, multicausale. La psychanalyse ne se résume pas à une 'croyance', elle a des effets reconnus, notamment par les patients!"
Se soigner?
Médecin, Tiburs privilégie la médicalisation aux excès d'introspection et de verbalisation:
"Tout simplement parce qu'on est plus à l'aise dans une démarche très médicale et moins psychologisante (comme tout acte de soins, une psychothérapie peut être néfaste, donc le tout est d'en bien mesurer l'utilité)."
Egalement chercheur, Tiburs alerte sur l'absence de moyens accordés à la recherche en psychiatrie en France:
"La pénurie de psychiatres en province fait que 80% des déprimés vont voir leur généraliste, qui ne les oriente pas vers un psychiatre et donc traite cette dépression. Donc on peut dire que le premier et souvent unique traitement est médicamenteux."
Pour Thevet, infirmier des secteurs psychiatriques, cette unique prescription de médicaments ne permet pas la "guérison":
"Bien sûr, le mieux serait de se passer de médicament, malheureusement ce n'est pas toujours possible. En tout cas, il faut associer psychothérapie et médication, pour saisir 'la chance de la dépression'".
"J'aimerais qu'on me foute la paix." Par ce cri, NouNouiLL rejette médicaments, psys et autres "choses qui vous lobotomisent":
"Bref, avec tous les symptômes de la dépression que j'ai (désocialisation depuis cinq ans, anorexie chronique, idée suicidaire, nihilisme patent...), j'aimerais qu'on me foute la paix, je n'ai pas besoin d'être 'malade'. Ouste les processus de groupes... Je sais porter ma douleur qu'elle soit grande ou petite."
Pour NouNouiLL, point de guérison, car nulle maladie:
"C'est plus marxiste que les théories marxistes. Tu es ou tu n'est pas dans la classe des 'dépressifs'. Classe en soi et pour soi car il y a une conscience faite par autrui mais aussi intériorisée d'appartenir à ce groupe. Combien de fois j'ai vu des associations de dépressif, de bipolaires et de tous ces 'troubles'. C'est donc plus qu'une observation faite par les psy, mais bien un état, un fait social qui nous permet de nous différencier..."
Lectures conseillées
Brunol: "Dans le 'Meilleur des mondes', Aldous Huxley, le psychanalyste, était le dernier rempart contre cette société façonnée."
Islande, psy en vadrouille: "'Le pouvoir psy', de Phillips A., dit cette phrase qui doit au moins nous questionner nous les psy sur notre implication dans la société: 'Décrire les gens comme les seuls auteurs de leur vie est une autre manière de les accabler.'"
ClaireChar: "La lecture du livre de Philippe Labro est passionnante à ce sujet 'Tomber sept fois se relever huit.'"
Christophec, psychosociologue: "Je conseille aux internautes la lecture du livre 'Comment la dépression est devenue une épidémie', de Philippe Pignard. Ce livre explique comment nous en sommes arrivé à 3 millions de dépressifs diagnostiqués en France."
Soffi, livreuse d'algues: "A 60 ans, l’écrivain américain William Styron sombre dans une profonde dépression. Plus tard, lorsque se seront dissipées les ténèbres et qu’il aura recouvré les bonnes sensations nécessaires à tout être humain pour avoir envie de continuer à vivre, il se lancera dans la rédaction de sa chronique d’une folie avec pour but avoué de mieux appréhender la morbide expérience qu’il a dû subir tel un pantin à la merci d’un sadique marionnettiste. Son livre: 'Face aux ténèbres'." | |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Campagne sur la dépression et guerre entre courants psy. Lun 07 Jan 2008, 10:52 pm | |
| Oui j'ai lu aussi mais les arguments sont un peu légers que ce soit d'un côté comme de l'autre... |
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