psychanalyse de psychotiques et d'enfants vous dites ?!?!?!

Bonsoir !

Alors voilà : depuis peu, mes réflexions personnelles ont de plus en plus de mal à converger avec les enseignements de la fac, en psychanalyse notamment... DEUX choses :

• comment psychanalyse-t-on des psychotiques, un transfert me paraissant difficile vu la non reconnaissance d'une intégrité psychique ?
• même question pour les enfants : j'ai toujours pas compris qu'on puisse les psychanalyser ??? Ils en sont encore à "créer" leur première relation qu'on leur balance un contre-transfert dans la poire ??? non vraiment je vois pas là

Donc je suis désolé d'être , mais si vous pensez pouvoir prendre un peu de votre temps pour m'éclairer ou pourquoi pas lancer une discussion qui peut devenir très prenante, n'hésitez pas !

A propos des psychotiques tout ce que je sais c'est que le transfert est massif, peut être beaucoup plus imposant que dans la névrose. Pourquoi? à vrai dire j'ai jamais creusé la question mais en effet ça peut être intéressant. Des preuves du transfert psychotique j'en vois à chaque fois que je suis en stage, notamment le transfert amoureux, plus que fréquent!
Donc oui les psychotiques transfèrent et pas qu'un peu

oki, effectivement j'avais pas pensé au fait qu'en fait le transfert psychotique existe (évidement !) mais qu'il n'est pas comme le transfert névrotique. (j'ai - après coup - encore envie de dire : évidement !)

Chapeau bas pour la rapidité de la réponse !!

Pour ce qui est de la psychanalyse d'enfants, je te renvoies à M. Klein, qui explique en gros que c'est justement intéressant pck tout est en mouvement et que cela permet d'évoluer dans le travail! Et en plus, il y a très peu de barrières.

Pour la psychanalyse des enfants, les interprétations de Mélanie Klein peuvent parfois paraitre un peu tirées par les cheveux. Je te conseillerais pour ma part Winnicott qui a fait un travail clinique impressionnant avec de tout petits enfants (nourrissons). Et de toutes façons, à partir du moment où il y a de l'humain il y a du transfert et du contre transfert (les deux outils rois du psychanalyste). Je pense que tu en verras l'utilité et la porté quand tu auras fait un stage (un bon stage )

oki oki ! d'accord avec toi Cilou pour dire que Mélanie K. c'est un peu trop "bien fait" par moments (quand on comprend ce qu'elle veut dire ) : quand je la lis j'ai l'impression que la vérité n'est pas ailleurs que dans ce qu'elle dit et ça m'agace un peu ce genre de discours, mais bon, peut être encore un point que je n'ai pas saisi !

Winnicott par contre : clair, précis, concis : j'adore !

Vous pensez pas vous que de psychanalyser des enfants, ça pourrait avoir des répercutions (qui ne seraient pas nécessairement positives) sur leur devenir relationnel ? Je vais un peu loin là peut être hmm...

Pour Klein je pense (comme pour la lecture de n'importe quel auteur) qu’il ne faut pas avoir une lecture dogmatique. Les premiers textes de Mélanie Klein m'avaient vraiment parus insensés. Ensuite, avec le temps, après une lecture de l'introduction à l'oeuvre de MK (par H. Segal) et surtout après un stage en psychiatrie, j'ai vu sous un angle différent ses propositions. Ce sont vraiment des outils qui me permettent de penser la clinique (aussi bien en psychiatrie que dans mon expérience actuelle en géronto).

D'une manière générale, je pense qu'il faut se laisser du temps, supporter de ne pas tout comprendre d'un coup, laisser les choses décanter, relire après d'autres lectures et des expériences cliniques qui permettent d'avoir un point de vue différent.

sur le transfert, ou sur les transferts, il y a de quoi bouquiner - cf bibliothèque de la SPP
http://bsf.spp.asso.fr/SearchThe.htm?value=transfert

Citation :

Vous pensez pas vous que de psychanalyser des enfants, ça pourrait avoir des répercutions (qui ne seraient pas nécessairement positives) sur leur devenir relationnel ?

Je pense qu'il faut en premier lieu s'interroger sur la formation du clinicien, sur ses compétences, son éthique, etc. L'idée parfois défendue qu'une analyse ou qu'une thérapie, si elle ne fait pas de bien, ne peut pas faire de mal, me semble totalement aberrante. Il faut savoir ce qu'on fait, penser sa pratique, avoir des possibilités de supervision, etc. Je pense que ce n'est pas pour rien qu'on travaille souvent en institution avec des collègues avant d'envisager une pratique en libéral.
Au passage, j'ai l'impression que tout type de prise en charge comporte un risque. C'est en partie à ça que peuvent servir les premiers entretiens, à avoir un peu une idée du travail qui peut être fait avec le patient. Ensuite, quand tout ça est envisagé, ça peut paraître bête mais en médecine on peut parfois aussi se demander quels sont les risques du traitement, le corps va t-il le supporter, etc. De mon point de vue, je trouve que ça pose pas mal de questions sans forcément avoir des réponses.

PiotrM a écrit:

comment psychanalyse-t-on des psychotiques
pour les enfants : j'ai toujours pas compris qu'on puisse les psychanalyser

Cette formulation me dérange un peu. Je n'ai pas l'impression qu'un psy dans sa toute puissance magique va "psychanalyser" quelqu'un. ça me fait penser aux gens qui s'imaginent qu'on va tout comprendre d'eux (et presque lire dans leur esprit) parce qu'on est étudiant en psycho... Bref, je grossis volontairement le trait pour montrer que cette formulation ne me semble pas être la meilleure car ça ne rend pas sa place à la relation thérapeutique et en qq sorte à la co-création qui s'y joue.

Thomas a écrit:

PiotrM a écrit:

comment psychanalyse-t-on des psychotiques
pour les enfants : j'ai toujours pas compris qu'on puisse les psychanalyser

Cette formulation me dérange un peu.

Tout à fait d'accord !! Mon gros problème (résolu hier à 23h49 par Ciou ( )) était de ne pas comprendre qu'il existait un transfert psychotique. A coté de cela, je me suis demandé si pour les enfants, la psychanalyse, parce qu'elle requiert une certaine "plasticité" des investissements psychiques (surestimation (entre autres)), pourrait avoir des répercutions sur leur devenir relationnel.

Thomas a écrit:

Je n'ai pas l'impression qu'un psy dans sa toute puissance magique va "psychanalyser" quelqu'un.

C'est pas du tout ce que j'ai voulu dire !! Mais ça soulève un débat tout à fait intéressant : parce que en fait : ça ne serait pas ce qui se passe en "réalité" ?? Pour le patient, de par la surestimation, le psy dans sa toute puissance magique le "psychanalyse" ??? Nan ???

C'est en effet un outil du transfert ce que tu appelles surestimation (d'ailleurs au passage je crois que c'est Ciou qui a résolu ton problème ). Mais cette place du sujet supposé savoir est très inconfortable car l'idéalisation a son revers : la dépendance du patient peut faire émerger des angoisses de dévoration très primaires et le contre transfert mérite alors une profonde étude en suppervision pour éviter justement de faire plus de mal que de bien... D'ailleurs c'est ce contre transfert qui nous indique la voie à suivre et la problématique réelle du patien (notamment chez les patients limite) Mais bon là je déborde et me laisse contaminer par mon mémoire

En tous cas ça fait plaisir de revoir cette rubrique un peu plus vivante ! Merci à toi Piotr !

Concernant la pratique psychanalytique ou inspirée par la psychanlyse avec les enfants. j'aimerais faire deux remarques:

Le language: Les enfants, notamment les plus jeunes donnent un matériel interprétable par le jeu. c'est ce jeu qui fait office de discours par rapport au travail d'avec les adultes. Sur le plan technique ça implique d'être sur deux scênes: celle du jeu, le psy joue avec l'enfant puisque c'est là que tout se dit. Celle du discours latent, là où on entend quelque chose de l'inconscient. dans ma pratique avec des enfants, j'ai toujours était étonné de ce qu'ils livrent (presque sur un plateau dans le jeu.
Klein a dis que c'était le jeu qui était ke langage de l'enfant

Le Transfert: il y a du transfert trés tôt, car ce n'est pas tant les parents réèls qui comptent mais les imagos parentaux qui se construisent dés les premiers mois: dés la position schizo-paranoïde.

t'es un pro de klein toi dis donc

je suis Freudien, Lacanien, Kleinien, winniccottien, Ferenczien et même parfois Bionnien. Bref, je bouffe à tous les rateliers. ;à

Plus sérieusement, c'est quand même elle qui a créé le cadre de la psychanalyse d'enfant. C'est la "Trippière Géniale" aprés tout.

héhéhé

Hein ? Bin et la brave Anna F. ? Et le Donald W. ?? Eux aussi quand même ils ont créé un peu aussi le cadre de psychanalyse d'enfants nan ?

(ou alors il est GRAND temps que je me mette à réviser !!! )

il a dit freudien et winnicottien il me semble...

Enfin bon... En matière de compréhension via le transfert, Anna n'a pas été très brillante...
Winnie, je pense, était un peu en marge, ménageant la chèvre et le chou (entendez Anna et Melanie). Ce qui n'ôte rien à ses qualités cliniques - cliniques avant tout même !!!

Ce n'est pas tant la question de "créer un cadre pour" que d'ouvrir un champ (de compréhension).
Après chacun y va selon son "style" (qui a formulé les choses ainsi ? Enfin c'est très juste, je trouve).
Melanie a ouvert la psychanalyse d'enfants en comprenant que le jeu pouvait exprimer une - des problématique(s) de l'enfant.
La "tripière de génie" a dit Lacan > ;-) JC !!! (enfin je ne sais pas si elle était si géniale... J'ai du mal avec elle - mais indéniablement elle a ouvert une manière de comprendre le langage des petits...

Isa.

La première a été en fait Hermine Von Hellmutt, mais Klein est allée plus loin.
Winni arrive aprés Klein
Et Anna Freud n'était pas pour la psychanalyse d'enfant car il n'y avait pas de transfert possible.

EDIT pour Isabulle: C'est bien une expression de Lacan.
Klein est difficile d'accés mais elle est parfaite pour appréhender le champs Imaginaire du psychique